Avant de mettre en vente mes œuvres, j’avais comme aspiration de trouver un papier photographique qui réponde en tout point à mes exigences. Un travail long pour lequel je m’étais préparé. En effet, chaque papier photographique présent sur le marché est différent. En dehors de son aspect visuel mat, billant ou perlé, certains papiers ont une teinte chaude, une texture lisse ou rugueuse, d’autres mettent en valeur la profondeur et les nuances de noirs… En d’autres termes, chaque papier a une personnalité et une histoire.
Je cherchais donc un papier photographique d’un grain unique, agréable au toucher, résistant à l’eau, respectant les techniques de fabrication à l’ancienne, d’une épaisseur supérieure à 300g/m², d’un blanc pur et capable d’avoir une longue stabilité dans le temps, sur plusieurs générations. Il m’a fallu ainsi deux ans de recherche et de tests, sur plus de cinquante sortes de papiers, pour enfin le trouver. Cette trouvaille a été fortuite: le papier destiné pour la lithographie. Naturellement blanc, d’une qualité exceptionnelle et mondialement reconnu, il répond à toutes mes attentes. Il présente une réserve alcaline, sans acide, ni azurant optique et assure la pérennité des couleurs dans le temps.

La deuxième étape de mon parcours, a été de trouver un imprimeur de confiance. L’impression est l’une des étapes rigoureuses qui permettent d’obtenir l’image parfaite au yeux du photographe. Une fois la photographie imprimée, elle n’est pas aussitôt encadrée. Mon devoir est de contrôler qu’elle soit vierge de tout défaut: poussière, tache, pliure, couleurs inattendues, souvent issues d’une erreur de calibrage… C’est la phase la plus critique. Deux à cinq tirages sont parfois nécessaires pour donner naissance à la photo « parfaite ».

La dernière étape, celle que j’apprécie le plus, est la plus difficile: La réalisation du cliché. Le tirage d’auteur est avant tout une œuvre d’art dans son sens le plus légitime. Il s’agit d’une création issue d’un nombre limité de tirage: moins de 30 exemplaires signés par l’auteur, tous formats et supports confondus.
La photographie naît, certes, d’une action aisée: le déclenchement. Mais tout comme une naissance, elle connait un parcours plus au moins chaotique. Avant d’arriver à cette étape il faut choisir le sujet, son équipement, si possible avoir un boitier en double pour minimiser les risques de panne, trouver une destination, parfois très lointaine, faire des repérages, accepter et s’adapter aux caprices du temps, trouver la bonne lumière, patienter…. Je dois avouer que mon passé de peintre et dessinateur m’a en partie facilité la tâche…

Une fois la photographie prise, elle doit, pour moi, transmettre une émotion, une histoire, une idée, une réflexion, une interrogation, car sa finalité est d’être partagée et de toucher le cœur des gens. C’est seulement en suivant cette démarche que nait, à mon sens, la notion d’un « tirage d’auteur ».